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Elle le quitte, il la tue

Deux femmes sont mortes vendredi dernier, tuées par leur ex-conjoint. Dans un cas comme dans l’autre, elles avaient porté plainte
 
Publié le 09/03/2023 - Dernière modification le 10/03/2023.
© Allili Mourad

Vendredi, deux femmes sont mortes tuées par leur ex. Toutes deux avaient porté plainte quelques semaines ou mois auparavant.
En 2021, selon le ministère de l’Intérieur, 122 femmes sont mortes sous les coups de leurs conjoints ou ex-conjoints. Parmi elles, 25 avaient porté plainte, mais seules trois ont bénéficié d’une protection.
Si des progrès sont notables depuis le Grenelle des violences faites aux femmes, en 2019, il reste, selon les professionnels du secteur, de nombreux leviers pour mieux évaluer le risque et améliorer la mise à l’abri.

En novembre 2019, une grille d’évaluation du danger, composée de 23 questions, a été mise en place pour aider policiers et gendarmes à mieux prendre en compte les signaux d’alerte. Êtes-vous victime de harcèlement ? Votre partenaire contrôle-t-il votre vie quotidienne ? Possède-t-il des armes à feu ? «  C’est un très bon outil mais il faut avoir conscience que les femmes qui poussent la porte d’un commissariat ou d’une gendarmerie n’ont pas toujours conscience du danger qu’elles encourent , note Me Anne Bouillon, avocate spécialisée sur la question. Il faut les accompagner et leur offrir un espace de compréhension.  » Et la conseil de citer l’exemple de ces femmes qui répondent presque du tac au tac par la négative lorsqu’on leur demande si elles ont été menacées de mort. «  Quand on creuse, qu’on leur pose des questions, certaines vous répondent "ah mais si, il a menacé de me planter un couteau dans le ventre", ou "il m’a dit qu’il me tuerait si je faisais ci ou ça ". »

Des progrès, mais…

Depuis 2019 et le Grenelle des violences faites aux femmes, les professionnels notent néanmoins un vrai progrès dans l’accueil des victimes. De nombreux policiers et gendarmes ont été formés au recueil de cette parole et à la détection des signaux dits « faibles », les victimes sont systématiquement orientées vers un dépôt de plainte et non une main courante. Alors qu’il y a quelques années, Anne Bouillon voyait encore régulièrement arriver dans son cabinet des femmes qui s’étaient vues refuser une plainte, cela devient marginal. «  Ça évolue, évidemment, mais selon l’endroit où vous portez plainte, la personne sur qui vous tombez, votre dossier sera traité différemment. Et ça, ce n’est pas possible  », déplore Sandrine Bouchait.

Mais alors comment expliquer qu’en 2021, sur les 25 victimes de féminicides ayant porté plainte, seules trois étaient sous protection ? Certes, depuis le Grenelle, les avancées sont notables. Le déploiement du téléphone grave danger, qui permet de contacter en un clic les forces de l’ordre et dont l’efficacité a été maintes fois prouvée a, par exemple, fortement progressé en deux ans : selon la Chancellerie, le nombre d’appareils attribués a été multiplié par huit entre 2020 et 2022. Fin décembre 2018, un peu plus de 3.556 femmes en étaient équipées. De même, le ministère de la Justice souligne que 123 juridictions ont mis en place une filière d’urgence pour traiter les affaires de violences conjugales. «  Quand cette question est une priorité pour les parquets, alors ça infuse dans toute la chaîne pénale, et les réponses sont plus efficaces  », note Me Anne Bouillon.

« Pour obtenir une ordonnance de protection, il faut une double condition »

Pour autant, l’avocate déplore un usage trop restreint des outils à disposition de la justice pour protéger les femmes. Et de citer le cas des ordonnances de protection. Selon le ministère de la Justice, le nombre de demandes a bondi de 89 % entre 2017 et 2021, passant de 3.131 à 5.921. En parallèle, la durée de procédure est passée de près de 42 jours à six. En revanche, le taux d’acceptation – total ou partiel – a peu progressé : en trois ans, il a gagné 6 points pour s’établir à 67,8 % en 2021, selon le ministère de la Justice. « Pour obtenir une ordonnance de protection, il faut une double condition : que les violences soient vraisemblables et qu’elles mettent en danger. C’est ce second point qui est très compliqué. On nous répond souvent que ces violences sont trop anciennes, isolées… », déplore Anne Bouillon.

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