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Aux origines de mon engagement

Interviewée par le Monde, Anne Bouillon revient sur les années qui sont à l'origine de son engagement en droit et comme avocate
 
Publié le 27/01/2023 - Dernière modification le 28/01/2023.
© Thomas Louapre / Divergence

Depuis plus de vingt ans, Anne Bouillon défend bec et ongles les femmes et les familles victimes de violences. Féministe et militante, elle opte pour le droit humanitaire dès l'age de 20 ans, en pleine guerre du Liban, avant de s'engager auprès de Dany Cohen et comprend très vite que la défense des causes se joue aussi dans l'enceinte des tribunaux.

Dans quelle région et quel milieu avez-vous grandi ?

Mes parents étaient profs dans le public. Mon père était issu d'un milieu plutôt privilégié, de parents musiciens professionnels. Enfant, il passait ses vacances au milieu de la famille "Arc-en-ciel" créée par Joséphine Baker . Ma mère quand à elle a des origines Turque et Aveyronaise, entrée en France dans les années 20 dont les aieux connaitront un triste sort pendant la seconde guerre, en déportation. Quand mes parents se sont rencontrés, ma mère n'entendait pas dépendre de son mari et elle a passé ses diplômes en vue de la certification. Déjà féministe avant l'heure !

A quoi ressemblait votre enfance ?

J'ai grandi à Aubervilliers dans une banlieue populaire, socialement très mixte. Je me souviens que l'élection de François Mitterand avait eu un retentissement phénoménal dans notre HLM, le premier jour possible de mon éveil à la politique, une politique non partisane, mais d'action, c'est tout du moins l'idée que je m'en était faite et qui ne m'a jamais quittée.

A l'age de 10 ans, vous déménagez dans le sud...

Mes parents sont alors mutés dans le vaucluse à Avignon, qui n'est pas encore la ville du festival éponyme, encore assez figée et repliée sur ses structures sociales d'après-guerre.

Qu'avez-vous fait après la terminale ?

Je n'étais pas partie pour des études longues contrairement à ma soeur, aujourd'hui maître de conférence à Paris-VIII. Il me fallait du concret, j'ai intégré un BTS de commerce international.

Vous vous êtes quand même interessée à la mode ?

Oui j'aimais beaucoup les défilés ! Je suis donc montée à Paris où j'ai pu décrocher un stage au service de Presse chez Yves Saint Laurent avenue Marceau. Mais je découvrais l'envers du décor qui ne me plaisait pas, ni ne correspondait à mes aspirations du moment... Il fallait essayer !

Et ensuite ?

Je suis retorunée à Aix-en-Provence et me suis inscrite en science éco à la fac. Une époque où je sortais beaucoup, et qui correspond à l'émergence des musiques électroniques, de Laurent Garnier à Manu le Malin en passant par Spiral tribes dont j'étais une grande fan ! Tout cela rejoignait mon goùt pour un mouvement plus général de contre-culture incarné par Paul Auster ou Bret Easton Ellis en littérature. En parallèle, c'était les années sida et les debuts d'Act Up, la guerre dans les Balkans.

Est-ce la guerre qui provoque votre engagement ?

Oui, je suis partie deux mois avec une association d'étudiants faire de l'animation pour des enfants en banlieue de Beyrouth. Sur place, j'ai eu envie de plus d'engagement, ai travaillé dans un foyer pour personnes en situation de handicap. C'était difficile mais je m'y sentais utile et à ma place. Lorsque je suis rentré en France, je me suis dit que c'est ça que je devais faire et j'ai intégré un DESS en droit humanitaire, puis le CRFPA pour la formation d'avocate.

Le Monde du 25 janvier 2023

 

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